Or, force est de constater que les leaders mondiaux de la profession ont brillé par leur absence aussi bien à Beyrouth qu’à Tunis.
Considéré comme une zone d’instabilité à très fort potentiel de perte, le Moyen-Orient a été en partie déserté par les compagnies internationales d’assurances et de réassurances.
Quant à l’Afrique qui ne pèse que 1% de la prime mondiale, la mauvaise santé de son économie, la récurrence des conflits sur son sol, la paupérisation de ses classes moyennes et le fléau du SIDA font que le continent ne représente plus un marché rentable à court terme.
Seule l’Asie, nouvel Eldorado, fait encore courir les réassureurs.
Deux années après la fin de la crise sans précédent qu’a connu l’assurance, tout se passe comme si les principaux acteurs s’étaient recroquevillés sur leurs marchés pour se refaire une santé. Le retour à l’équilibre et le renforcement de la solidité financière semblent exclure la dispersion.
Pour les pays émergents d’Afrique et du Moyen-Orient, ce constat n’est pas démuni d’aspects positifs. La sagesse populaire voulant qu’à quelque chose malheur est bon.
Ce redéploiement à l’échelle mondiale donne l’opportunité aux assureurs et réassureurs de la zone concernée de développer un portefeuille à l’abri de groupes disposant de moyens disproportionnés. Les assureurs, réassureurs arabes et africains doivent saisir cette chance pour s’imposer sur leur propre marché puis étendre leur activité aux marchés avoisinants.
Cette «refondation» ne pourra réussir qu’à condition que les entreprises d’assurances elles- mêmes adoptent des critères stricts de bonne gestion: élaborer une stratégie, tarifer un risque à son juste prix, évaluer correctement les sinistres, suivre ses engagements techniques, s’équiper en technologies de traitement de l’information,…
Il n’existe pas encore d’autre formule miracle pour réussir que le travail et le sérieux.
Quoi qu’il en soit, les différentes autorités de tutelle des pays émergents n’ont pas attendu les réunions de Beyrouth et de Tunis pour commencer à mettre de l’ordre dans leurs marchés respectifs. C’est au prix de la rigueur et de l’effort que l’assurance en Afrique et au Moyen–Orient continuera d’exister.