Moyen Orient, le grand mirage
Les créations de compagnies d’assurance se multiplient. En un laps de temps relativement court, le nombre de compagnies au Koweït est passé de cinq à une trentaine. Dans les Émirats Arabes Unis, on dénombre soixante deux compagnies pour une population estimée à 5 millions d’habitants en 2007 dont environ 4,1 millions d’étrangers. A Bahreïn, plus petit état de la région, pas moins de vingt neuf opérateurs sont présents sur le territoire.
Effet de mode ou marché réellement porteur, c’est le segment de l’assurance takaful qui draine le plus d’investissements. Les prévisions de croissance font état de chiffres mirobolants. Dans leur stratégie d’expansion, les leaders de l’assurance mondiale se bousculent pour prendre position dans la région où trois pôles sont en compétition: Bahreïn, Dubaï et Doha.
Pourtant, et en dépit d’un potentiel indéniable, force est de constater que les marchés de la zone n’ont pas la taille pour accueillir un si grand nombre d’opérateurs.
Dans les économies avancées, les opérations de fusions et la concentration des capitaux ont permis l’émergence de véritables groupes d’assurance et de réassurance capables de prendre en charge les grands risques. Au Moyen Orient, en revanche, on assiste à une multiplication de sociétés dont la matière assurable relève davantage des risques des particuliers que des mégas risques. Or, faute d’une population en nombre suffisant, les petits risques font défaut.
N’aurait-il pas été plus judicieux de renforcer les fonds propres des assureurs existants que de multiplier les petites structures réduites à pratiquer des surenchères tarifaires et perturber un marché très fragile?
La question est lourde de conséquences. La «bulle» financière plus ou moins artificielle risque en effet de conduire à l’effondrement de ce château de cartes et à ruiner bon nombre d’investisseurs.